Rédacteurs : Etienne Bertrand, Jac Boutaud, Hervé Mureau
Contributeurs : Olivier Damas, Pierre Héry
Autres membres du groupe de travail initié en mars 2023 : Lissandra Alves, Christian Amiel,
Cathy Frey, James Garnett, Gabriel Walspeck
Le changement climatique en cours avec ses évènements extrêmes (sécheresses et canicules à répétition, fortes précipitations, coups de vents, de plus en plus fréquents) a un impact important sur les arbres et les arbustes, en particulier en milieu urbain (sols artificialisés, contexte minéral, cultures hors sol). Chacun peut constater le dépérissement de certaines essences qui avaient pourtant prospéré sans problème pendant des décennies. Or, les arbres et les arbustes peuvent non seulement aider à atténuer certains des effets de ces excès climatiques, par leur ombrage et le rafraîchissement de l’air, mais ils peuvent aussi participer à lutter contre les causes du dérèglement, en particulier par la captation et la fixation de carbone largement responsable de l’effet de serre.
Planter des végétaux ligneux capables de bien se développer durablement est donc devenu un enjeu majeur. Pour réussir ces plantations, il est nécessaire de mettre toutes les chances de notre côté.
La démarche proposée ci-après évoque d’abord de façon très succincte les fondamentaux de réussite de plantation des arbres et arbustes et de leur reprise. Elle se focalise ensuite sur l’autécologie (caractéristique du milieu autour du végétal planté). Il est aussi possible de se référer au Guide « Aménagements arbustifs urbains : concevoir et gérer » édité par Plante & Cité, qui a été rédigé en grande partie par Les Arbusticulteurs.
Conditions générales pour réussir les plantations
La réussite durable des plantations de végétaux ligneux effectuées lors d’un aménagement paysager n’est pas le fruit du hasard, mais au contraire le résultat d’un ensemble d’actions menées de façon cohérente et réfléchie :
choix des essences en fonction des caractéristiques du milieu, des objectifs à la fois paysagers, techniques et écologiques, mais aussi des moyens ultérieurs d’entretien et de gestion,
prise en compte de la qualité agronomique des sols (naturel ou composé ; en place ou apporté)
préparation soignée des sols et du milieu de plantation,
approvisionnement du chantier avec des végétaux de qualité,
plantation dans les règles de l’art,
prise en compte de l'alimentation hydrique qui se fera dans la plupart du temps à partir des précipitations naturelles sauf cas particuliers des plantations hors-sol où des opérations d'arrosage peuvent être nécessaires et assurées par la mise en place d'un système d'arrosage automatique,
entretien et suivi rigoureux des premières années d’implantation (arrosage, désherbage, remplacement des végétaux morts avec si nécessaire une adaptation de la palette végétale initiale,
gestion adaptée au fil des années afin de suivre l'évolution des massifs plantés (ex : compléments de plantation avec introduction de nouvelles espèces si nécessaire)
Il suffit qu’un seul élément de cette chaîne soit défaillant pour qu’apparaisse le risque d’échec :
mauvaise reprise, qui oblige à des remplacements coûteux et difficiles à gérer sur l’espace public,
croissance faible durable (ou parfois trop forte suite à un excès de fumure), donnant des végétaux peu esthétiques et sensibles aux ravageurs et maladies,
objectifs paysagers et d’usage du lieu (ombrage, écrans, etc.) non atteints,
insatisfaction des propriétaires, des commanditaires et des usagers du site,
coûts de maintenance potentiellement plus élevés à terme.
Une méthodologie pour choisir des essences en fonction des caractéristiques du milieu
La diversité pour pallier l’incertitude sur le milieu et le climat
Quel que soit le soin que l’on prend pour choisir une essence bien adaptée au site où on veut l’installer, il restera des incertitudes. En effet, on peut ne pas avoir bien appréhendé toutes les particularités du milieu. Les exigences spécifiques de beaucoup d’essences sont malheureusement mal documentées ou données de façon contradictoire dans la bibliographie. Les aléas climatiques peuvent prendre une ampleur non envisagée. Une attaque parasitaire peut affaiblir les végétaux et les rendre moins aptes à résister à des conditions climatiques « normales », etc.
Il est donc largement souhaitable de diversifier chaque fois que possible la palette végétale installée, pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier en cas de problème sanitaire ou climatique. Cela permet aussi de créer des paysages plus variés et potentiellement plus riches en matière d’accueil de biodiversité.
Il est également pertinent d’associer aux ligneux une strate herbacée qui pourra, suivant les cas, être spontanée ou composée de végétaux plantés (ex : vivaces, graminées…). La présence de plusieurs strates, y compris ligneuses, améliore les fonctionnalités écologiques du vivant, en particulier pour la faune et flore du sol (rétention en eau, meilleure captation du carbone, etc.).
Décrire et connaître au mieux le milieu
Avant de s’intéresser au site de plantation, il est important de bien caractériser le territoire global où il se trouve, son paysage qu’il soit naturel ou aménagé, ainsi que son contexte (urbain, péri-urbain ou bien rural), au moyen :
• de collecte de connaissances existantes : données/cartes en ligne, bibliographie (voir des exemples à la fin de cet article),
• d’acquisition de connaissances nouvelles de terrain (ex. diagnostic des sols, des substrats pour la culture hors-sol),
• d’observations et inventaire des végétaux ligneux déjà installés sur le site à planter, ou à proximité directe, et montrant un développement correct. Une étude de la végétation herbacée accompagnant les ligneux du site peut aussi apporter des indications utiles.
Cela permet de dégager les grandes caractéristiques du climat (températures, précipitations, nombre de jours de gel, nombre de jours consécutifs sans pluie) et du milieu d’accueil des racines (sol naturel, sol artificialisé, hors-sol, eau, topographie). Même si le climat évolue rapidement, devenant limitant pour certaines essences anciennement bien implantées, cela donne une bonne idée des atouts et des contraintes auxquels les végétaux que l’on veut planter devront s’adapter. Ainsi, un projet de plantation en Anjou sera appréhendé différemment d’un autre en Auvergne ou dans les Corbières. Le fait qu’il soit en milieu urbain, péri-urbain ou bien rural, en plaine, en vallée ou en altitude aura une incidence, à l’intérieur d’une même région.
Les facteurs climatiques
Les facteurs climatiques doivent être abordés dans un premier temps à l’échelle de la petite région, mais il est indispensable de prendre en compte les particularités du micro-climat du site à planter. En effet, les conditions très locales peuvent accentuer certains facteurs limitants ou bien les atténuer. Ainsi, par exemple, un abri des vents froids améliorera la résistance hivernale des végétaux, un arbuste thermophile planté sur un versant sud ou une façade sud en milieu urbain profitera de la chaleur du soleil qui y est concentrée.
La pluviométrie
La pluviométrie est à étudier non seulement en quantité totale annuelle mais aussi en nombre de jours consécutifs sans précipitations, et plus globalement selon la répartition au fil des saisons. La tendance générale est à la diminution des précipitations estivales, voire à leur quasi disparition (cas des Pyrénées Orientales en sécheresse majeure pendant 3 années consécutives) et à une irrégularité des phases pluviales (deux années de sécheresse alternant avec une année de forte pluie, etc.).
L’occurrence de pluies très intenses sur de courtes périodes augmente avec des phénomènes de ruissellement et par conséquent un moindre rechargement des sols en eau.
D’autre part, l’arrosage des végétaux en place est de plus en plus souvent interdit par des arrêtés préfectoraux au-delà de la période d’assistance à la reprise (environ 2 ans), du fait des pénuries d’eau. Il est donc nécessaire que les végétaux plantés puissent être le plus rapidement possible autonomes au niveau hydrique.
Il est donc nécessaire de différencier les végétaux selon leur besoin en eau : Pour simplifier, on distingue les plantes de milieu frais/humide, des plantes mésophiles et des plantes thermophiles ± xérophiles. Les premières ont besoin de précipitations printanières et estivales c’est-à-dire au moment où elles ont la plus forte consommation en eau car elles sont en pleine végétation. Inversement, les plantes thermophiles de type méditerranéen ont un besoin exactement inverse. En effet, leur cycle de végétation se déroulant l’hiver, l’été est pour elles une période de dormance et d’accumulation de chaleur (donc elles ont besoin de précipitations en hiver et non en été). Il est prudent de ne pas mélanger ces différentes plantes dans un même milieu d’accueil qui a très peu de chances d’offrir à chacune des conditions optimales.
Les températures
Les prévisions des climatologues indiquent que les épisodes de très fortes chaleurs et de canicules vont être de plus en plus fréquents, il faut donc prendre en compte ce facteur avec sérieux.
Les très fortes chaleurs peuvent agresser certains végétaux indépendamment de la sécheresse du sol. Ainsi, pour les végétaux de milieux frais ou mésophiles, des feuilles, des fruits ou même des écorces peuvent être brûlés s’ils sont directement exposés au soleil, la floraison peut être interrompue, même si le sol n’est pas sec au point qu’ils ne puissent pas y puiser l’eau dont ils ont besoin pour leur alimentation et leur évapotranspiration. Dans une certaine limite, les plantes thermophiles n’aimant pas avoir les racines dans l’eau y sont plus adaptées.
En milieu urbain, la présence d’un sol minéralisé imperméable et de bâtiments autour des végétaux accentue la chaleur qu’ils subissent et diminue souvent les possibilités pour l’eau de pluie d’accéder à la fosse de plantation. Il est possible d’installer un sol minéral reflétant la chaleur (couleur claire), de choisir des revêtements perméables ou de prévoir la présence forte d’une strate herbacée limitant la hausse des températures.
Les basses températures ne doivent surtout pas être oubliées : même si les températures moyennes augmentent, les épisodes de froid ponctuels demeurent et des hivers très rigoureux ne sont pas exclus. Il n’est donc pas possible de considérer qu’il suffit d’installer des plantes beaucoup plus méridionales pour résoudre le problème de l’adaptation de la palette végétale au climat plus chaud et sec qui se met en place. La référence la plus commune pour la rusticité des plantes face au froid est celle initialement définie par le Département d’Agriculture des États-Unis (USDA), qui a été ensuite adoptée par de nombreux pays. Elle définit des zones numérotées de 1 à 11, établies à partir des moyennes de la température minimale sur une vingtaine d’années.
L’humidité de l’air a une incidence sur la résistance au froid. Confrontées à de basses températures, des plantes méditerranéennes souffriront davantage en atmosphère humide que dans leur milieu naturel à l’air bien sec.
Du fait d’un débourrement plus précoce observé chez de nombreuses essences, les gelées tardives occasionnent des dégâts importants (diminution des réserves carbonées du fait de la nécessité d’un second débourrement, modification de l’architecture des plantes acrotones, qui fourchent plus que normalement).
La lumière / exposition
Selon les cas, les arbustes exigent ou supportent l’ombre, la mi-ombre et/ou le plein soleil. Ceux qui demandent un minimum d’ombrage souffrent particulièrement des fortes chaleurs s’ils sont plantés au soleil, ils peuvent subir des brûlures du feuillage voire de l’écorce. Les sols minéralisés et les façades réfléchissantes accentuent les effets de chaleur et l’impact de la lumière directe sur le feuillage. Certaines essences comme les Aucuba ont une bonne résistance à la sécheresse à condition d’être plantées à l’ombre. Dans le cas de plantations multistrates, il faut veiller à ce que les plantes les plus basses acceptent l’ombrage des arbustes ou des arbres qui vont les surplomber, sauf si elles doivent disparaître après avoir joué leur rôle d'accompagnement durant les 1ères années.
Le vent
Le vent peut accentuer les effets de la température (chaude comme froide) et de la sécheresse en conditions très exposées. L’augmentation des vents très forts et des tempêtes a des impacts plus importants sur la strate arborée que la strate arbustive (déracinement, casse de branches ou même du tronc) mais il peut y avoir des effets directs sur les arbustes les plus grands, surtout si leur système racinaire a été perturbé lors de l’élevage en pépinières ou au moment de la plantation.
Par ailleurs, les vents froids augmentent les effets délétères sur les végétaux en limite de rusticité. Il est prudent de planter ces derniers dans des zones bien abritées des vents hivernaux.
Le contexte urbain peut être un élément aggravant car il peut y avoir une amplification des phénomènes, notamment du fait de l’effet Venturi.
Les embruns
Les embruns ont un impact sur le feuillage et sur les sols superficiels. Ils ne sont supportés que par certaines essences spécifiquement adaptées. Les tempêtes peuvent faire ressentir les impacts du sel assez profondément dans les terres (Voir aussi le paragraphe sur la salinité des sols).
Les caractéristiques des sols, en lien avec l’alimentation en eau du végétal
La nature physico-chimique du sol d’accueil des végétaux est parfois très limitante, beaucoup d’essences ayant des incompatibilités notables vis-à-vis de certaines caractéristiques du sol (sol acide/sol calcaire, sol bien pourvu ou non en matières organiques et en éléments minéraux, texture, etc.).
La nature du sol est à envisager non pas à l’échelle du seul trou de plantation mais pour l’ensemble du volume qui sera prospecté par les racines. Par exemple, un apport localisé de terre de bruyère ne suffira pas pour permettre à des plantes de type Rhododendron ou Pieris de bien se développer dans un sol lourd ou calcaire, surtout si l’arrosage est effectué avec de l’eau chargée en calcaire. Dans le cas de plantation dans une fosse située en milieu minéralisé, le sol environnant, encaissant, autour et en dessous de celle-ci, doit être pris en compte pour évaluer la possibilité pour les végétaux de le coloniser. S’il n’est pas accessible (compaction, parois lissées, faible perméabilité, barrière anti-racines, etc.), les végétaux doivent être capables de se satisfaire durablement du seul volume de la fosse, au même titre qu’une culture en terrasse ou jardinière.
La profondeur
La profondeur du sol définit le volume explorable par les racines du végétal, hors fissuration du matériau parental (roche-mère). Les sols superficiels limitent l’exploration des racines. Ils sont limitants pour beaucoup de végétaux, en particulier si les racines ne peuvent profiter de fissures du sous-sol pour s’enfoncer en profondeur et trouver l’eau nécessaire à leur fonctionnement. Ils accentuent les effets de la sécheresse. Il est donc nécessaire dans le cas de faible profondeur d’étudier des solutions alternatives : augmenter d’une manière conséquente la surface de sol explorable (volume en largeur), sélectionner des végétaux acceptant des sols superficiels, créer des surépaisseurs (cas sur terrasse où il est possible de créer des surépaisseurs à l’aplomb des poteaux ou cloisons porteuses), protéger le sol de l’asséchement par un paillis épais, et à l’extrême, ne pas planter de végétaux ligneux !
Texture et structure
La texture d'un sol est la répartition granulométrique de ses constituants (proportion des différentes dimensions des particules minérales du sol, à savoir les argiles, les limons et les sables). Elle a une incidence sur la porosité du sol, la réserve et la circulation de l’eau, et de l’air (renouvellement de l’oxygène), et donc sur le développement des racines. Plus la teneur en argiles et en limons est importante, plus la réserve en eau est importante, mais aussi le risque de faible perméabilité.
La structure est le mode d'organisation des particules, minérales et organiques, du sol. Un sol bien structuré présente des agrégats stables, entre lesquels l’eau et l’air peuvent circuler. Et pour une même texture, des structures dissemblables présentent des propriétés en eau et en air différentes. Attention, des travaux du sol sans précautions peuvent fortement altérer et de façon durable la structure initiale (compactage en particulier).
Selon leur texture et leur structure, mais aussi selon leur niveau de compaction (ex. facteur anthropique), il est possible de définir :
• des sols peu à très peu poreux, qui sont très peu favorables à la colonisation par les racines et des sols très poreux qui retiennent peu l’eau,
• des sols correctement filtrants et rétenteurs en eau.
Les deux premiers sont limitants pour de nombreuses essences, contrairement aux sols plus filtrants.
Des apports de matière organique en enfouissement superficiel ou en paillis améliorent la structure des sols et globalement les propriétés hydriques favorables au végétal.
Il est donc important là encore de bien dissocier les végétaux en fonction de leurs exigences édaphiques. Les végétaux méditerranéens et de montagne préfèrent souvent les sols drainants, lessivés et pauvres là où les végétaux de plaine et collinaire préfèrent les sols profonds, bien structurés à la texture limoneuse ou argileuse. En milieu artificiel urbain, il est nécessaire de reconstruire la nature d’un sol sous forme de substrats (anthroposols) apportant les caractéristiques souhaitées aux végétaux plantés.
La salinité
La salinité d’un sol correspond à la concentration en éléments solubles dans la solution du sol (eau retenue, non drainée au sein du sol). Plus cette salinité, cette concentration est importante, et moins l’eau est disponible pour le végétal, du fait du phénomène d’osmose. Concrètement, la salinité équivaut à un effet « sécheresse », à un volume d’eau en moins disponible pour le végétal.
Plusieurs cas de figure principaux sont à l’origine de salinité dans les sols :
• La présence de sel marin (sols littoraux, embruns, submersion), phénomène très connu ;
• l’épandage de sels de déneigement, parfois accentué par la mise en tas de la neige salée qui concentre la pollution du sol
• quand l'évapotranspiration dépasse les précipitations, avec accumulation des sels hydrosolubles dans les sols superficiels, phénomène naturel pour les climats arides et semi-arides, accentué par l'irrigation. Le territoire français est peu concerné mais cela évoluera à la hausse avec le changement climatique ;
• L’artificialisation des sols par l’Homme, avec apport d’artefacts/déchets, voire pollution, qui peuvent être source d’éléments, d’une fraction soluble non négligeable (exemples notables, béton, chaux/ciment, plâtre/gypse), phénomène beaucoup moins connu.
La salinité s’évalue facilement par analyse agronomique de laboratoire de faible coût, par la mesure de la conductivité (unité de mesure mS/cm). En cas de suspicion de risques de salinité, il est raisonnable de faire réaliser une telle analyse.
Si une salinité significative est constatée, la palette végétale devra être sélectionnée parmi des végétaux qui peuvent la supporter (plantes halophytes qui supportent le sel, plantes halophiles qui en ont besoin pour bien se développer).
Le pH
Le pH du sol est une caractéristique chimique qui joue sur l’alimentation minérale du végétal (disponibilité des éléments minéraux nutritifs). Il ne s’agit pas d’une caractéristique liée à l’alimentation en eau du végétal, mais elle est énoncée ici car fondamentale dans la biologie du végétal et donc dans le choix des essences pour une bonne adaptation au milieu. On peut distinguer les sols acides (pH < 5,5), légèrement acide à neutre (5,5 à 7) et alcalins (> 7). Ces derniers peuvent présenter des teneurs importantes en calcaire actif, avec pouvoir chlorosant, ce qui est rédhibitoire pour un certain nombre d’essences végétales. Les sols très acides sont limitants pour certaines essences. Par contre, beaucoup de végétaux calcicoles sont capables de s’adapter à un pH neutre à légèrement acide.Il n’est pas possible de baisser significativement le pH d’un sol. Par contre, il est éventuellement possible de le remonter légèrement par des apports calco-magnésiens, à dimensionner sur la base d’analyses physico-chimiques du sol.
Il faut noter que l’artificialisation des sols par l’Homme, leur urbanisation, aboutit dans la grande majorité des cas à une augmentation de leur pH et de leur caractère calcaire.
Le bon sens consiste à choisir le végétal adapté au pH du site, sans chercher à le faire évoluer. Cette remarque peut être faite pour la plupart des autres facteurs potentiellement limitants ...
Saturation en eau dans le volume racinaire
L’engorgement du sol, la saturation en eau peut être permanent ou temporaire (uniquement en période hivernale ou en cas de très forte pluviométrie). Elle est très contraignante pour beaucoup de végétaux qui ne supportent pas les situations asphyxiantes. Cet état se diagnostique au moyen d’un sondage, avec observation directe de la masse d’eau au moment opportun, et/ou observation de traits caractéristiques d’hydromorphie des sols.Il est possible de lutter contre les excès d’eau dans le sol par un drainage de la parcelle entière ou plus localisé, ou plus simplement en plantant sur butte.
Nota : Les conditions édaphiques peuvent avoir une incidence importante sur la résistance aux aléas climatiques. Ainsi, des végétaux supporteront moins bien le froid s’ils sont installés dans des sols peu perméables et gorgés d’eau. De même, les sols saturés en eau limitent les capacités d’enracinement en profondeur de beaucoup de ligneux adaptés à la sécheresse, ce qui les mettra en difficultés lors des périodes déficitaires en eau.
Rusticité et origines géographiques
Par définition, les plantes indigènes sont adaptées à leur milieu habituel. Mais certaines d’entre elles peuvent souffrir des effets du changement climatique, en particulier des fortes sécheresses (Ribes nigrum, Ribes rubrum, Sambucus nigra, etc.), lesquelles sont amplifiés dans les ilots de chaleur urbains. L’indigénat n’est donc malheureusement pas une garantie d’adaptation sur le moyen et long terme, L’utilisation des écotypes des espèces locales (par exemple avec les végétaux produits sous la marque Végétal local) confrontés à des chaleurs et sécheresses importantes peut probablement être une solution, ainsi que le recours à des plantes indigènes des régions plus méridionales.
De même, une partie des essences introduites peuvent ne pas supporter de très grosses chaleurs sèches estivales ou des hivers humides si elles sont par exemple originaires de montagnes chinoises à climat de mousson, humide en été mais sec en hiver. Ceci est valable aussi pour les cultivars issus de ces essences à exigences spécifiques.
Evaluer la nature du sol à partir des végétaux en place
L'étude des végétaux ligneux déjà présents sur le site à planter est une aide précieuse : en comparant les exigences spécifiques de plusieurs essences et en étudiant leur état général, il est souvent possible d’avoir une assez bonne idée des conditions du milieu, tant au niveau des facteurs limitants du sol que des conditions climatiques locales.
Il est aussi intéressant d’aller voir les parcs, les jardins, les espaces plus naturels des environs, afin de voir quels végétaux s’y développement correctement. Cela montre ce qu’il est possible de planter avec succès, si bien sûr les conditions de milieu sont vraiment semblables.
Bibliographie ...
... et autres ressources utiles permettant de trouver des indications sur les arbustes résistants à la sécheresse, sur leurs conditions d’utilisation et sur les travaux à réaliser pour leur permettre de se développer au mieux
Bougie J., Smeesters E. 2004 – Aménagement paysager adapté à la sécheresse. Editions Broquet, Québec
Brochet D. 2018 – Toutes les plantes pour les sols calcaires. Editions Ulmer
Davroux A. 2020 -Toutes les plantes supportant la sécheresse. Editions Ulmer
Ducerf G. 2003– Les plantes bio-indicatrices. Editions Promonature
Ducerf G. 2005 et 2008– L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales. 2 volumes. Editions Promonature
Dumé G., Gauberville C., Mansion D., Rameau J.C. 2018 - Flore forestière française. Tome 1 Plaines et collines. Editions CNPF
Dumé G., Gauberville C., Mansion D., Rameau J.C. 1993 - Flore forestière française. Tome 2 Montagnes. Editions CNPF
Dumé G., Gauberville C., Mansion D., Rameau J.C. 2008 - Flore forestière française. Tome 3 Région méditerranéenne. Editions CNPF
Filippi O. 2007 - Pour un jardin sans arrosage. Editions Actes Sud
Garnett J. 2016 - Nantes Ville Arboretum. Editions D’Orbestier
Guinaudeau C. (coordonateur) 1999 – La réalisation pratique des haies brise-vent et bandes boisées. Editions Institut pour le développement forestier
Guinaudeau C. 1987 – Planter aujourd’hui, bâtir demain Le préverdissement. Editions Institut pour le développement forestier
Hodgson H. 2002 - Les arbustes. Editions Broquet
Jullien J. 2021 – Adapter son jardin au changement climatique. Editions Eyrolles
Tison J.M. & de Foucault B. 2014 - Flora Gallica - Flore de France. Éditions Biotope, sous l’égide de la Société Botanique de France
Willery D. 2012 - Arbustes. Editions Ulmer
Ressources de Plante & Cité :
Floriscope, base de données Plante & Cité sur les végétaux : https://www.floriscope.io/
Guide de conception et de gestion des structures arbustives. Plante & Cité, Angers
Autres sites web :
Cerema, outil Sésame pour aide à choisir des arbres et des arbustes en milieu urbain : https://www.cerema.fr/fr/actualites/sesame-projet-innovant-arbres-arbustes-urbains-adaptation-au
https://www.aquaportail.com/dictionnaire/definition/55/zone-usda
https://www.plantmaps.com/interactive-france-plant-hardiness-zone-map-celsius.php
Tableau reprenant les essences arbustives potentiellement intéressantes au regard des effets du changement climatique
Ce tableau est issu de l’expérience personnelle des rédacteurs et contributeurs, complétée par l’étude de la bibliographie disponible et par la consultation de nombreuses ressources numériques (monographies, bases de données avec en particulier Floriscope).
Certains champs relatifs aux exigences n’ont pas été remplis car nous ne disposions pas des données nécessaires.
Malgré le soin apporté à ce travail et aux diverses relectures, il y peut avoir des erreurs. Ne pas hésiter à nous les signaler pour que nous améliorions ce tableau. De même, cette liste des végétaux n’est pas exhaustive. Nous étudierons toutes les suggestions d’essences qui nous serons soumises et les intégrerons le cas échéant.
Des arbres de petit développement ont été intégrés en complément des arbustes « classiques ». En effet, comme il est difficile de fixer une limite simple entre arbustes et arbres, autant déborder un peu vers les plus grands …
Certaines essences de ce tableau ne sont pas courantes dans les pépinières. D’autres sont encore difficiles à trouver car non cultivées, même dans les pépinières de collection ou spécialisées. Ces essences sont soit indigènes, soit présentes à l’état sauvage dans des régions du monde au climat semblable à la tendance actuelle d’une bonne partie de la France métropolitaines. Il nous a cependant semblé judicieux d’intégrer ces arbustes au fort potentiel dans le but de les faire connaître et d’inciter à les tester.
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