En 1959, à l'époque où l'énergie hydraulique était en plein boum, ma famille est venue s'installer à Albertville en Savoie où mon père, cadre à EDF, participait à son développement.
Ayant beaucoup de temps libre, il jardinait biologiquement, mélangeant légumes et fleurs. Il fut même le premier utilisateur de la grelinette, outil inventé par M. Grelin, grainetier dans un village voisin. Dès mon enfance, j'ai sûrement, inconsciemment, été marqué par cette façon marginale pour l'époque de travailler la terre, et le goût de gratter le sol m'a vite rattrapé.
Un autodidacte qui a soif d'apprendre
Je participais souvent aux travaux de la ferme en face de chez moi et au semis chez un maraîcher dont le fils était un copain de lycée. C'est donc tout naturellement qu'après un parcours dans les travaux publics et la banque (eh oui…), je l'ai rejoint lorsqu'il créa sa petite entreprise de paysage en 1975. Autodidacte, j'ai tout appris sur le tas, au travers d'expériences pas toujours positives…
Le tournant de ma vie professionnelle a été que le dirigeant de cette entreprise s'est cassé la jambe au ski au début du printemps 1978, période de forte activité. Suite à cet accident, j'ai repris l'entreprise et ai dû apprendre très vite… Puis, j'ai convaincu mon frère plus jeune de dix ans de venir travailler avec moi.
Nous avons acheté du terrain, construit un bâtiment professionnel et développé l'activité.
J'ai fait toute ma carrière sur le terrain avec mes équipes, plus particulièrement en montagne, dans le domaine des Trois-Vallées. Nous sommes assez fiers d'avoir pu travailler en partenariat avec les services communaux afin d'optimiser les coûts, impliquer les employés dans les créations et garder la même trame d'architecture paysagère sur la commune.
J'ai donc une expérience sur le comportement en altitude des végétaux, sur un panel végétal beaucoup plus restreint qu'en plaine. L'entreprise travaille en partenariat avec des pépinières d'altitude mais avec le réchauffement climatique, la gamme s'est progressivement élargie. Une plante cultivée au-dessus de 1000 m pousse moins vite, est plus rustique et adaptée au climat, et son prix d'achat est environ 30% supérieur.
J'ai fait beaucoup de chantiers de création mais j'aimais également l'entretien qui, je pense, est primordial pour la réussite des aménagements. Lors de formations financées par le FAFSEA, j'ai été sensibilisé par de bons formateurs pour effectuer la taille au sécateur à l'époque du développement exponentiel du taille- haie.
La rencontre décisive avec Pascal Prieur
Ma rencontre avec les Arbusticulteurs s'est passée à Paysalia il y a quelques années, où j'ai été conquis par une conférence de Pascal Prieur tant et si bien que je crois lui avoir fait rater son train, prolongeant les questions… J'ai ensuite adhéré à l'association et participé aux journées de Rennes puis à l'AG dans un petit village breton où j'ai été séduit par la qualité, la chaleur humaine et la passion des adhérents.
En 2014, j'ai pris ma retraite de l'entreprise pour laisser la place aux jeunes, avec le projet de continuer le métier de jardinier de façon plus artisanale, "cinq branches" comme on disait avant.
Après une année sabbatique consacrée à d'autres passions, notamment le sport, j'ai repris mon métier de jardinier auprès de clients sympathiques, propriétaires de beaux jardins sur les bords du lac d'Aix-les-Bains. Aimant les gens, curieux de nature, courageux, sportif et en bonne santé, je m'accomplis vraiment malgré mon âge avancé ! Avec toujours cette soif d'apprendre, de conforter mes connaissances, j'ai participé au stage de taille et gestion raisonnées des arbustes d'ornement proposé par les Arbusticulteurs en décembre dernier. Merveilleusement accueilli par tous, j'ai conforté avec mon sécateur, mon outil préféré, les bonnes méthodes transmises par les formateurs hors pair, références dans le métier, que sont Pascal Prieur, Jac Boutaud, James Garnett et Hervé Mureau.
J'espère ainsi pouvoir prolonger encore longtemps la vie de ces arbustes, dont je partage la passion avec les Arbusticulteurs…
Auteur : Pierre Rochaix
FAFSEA : fonds national d assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles
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