[Ne pas confondre Cornus chinensis avec le plus courant Cornus kousa var. chinensis, dont la floraison est très différente.]
Morphologiquement, on peut associer cette espèce à deux autres cornouillers, relativement communs, que sont Cornus mas et Cornus officinalis. On peut très bien en rester là si on s’en tient aux quelques rares descriptions botaniques disponibles. Quatre ans plus tôt, emmitouflé dans la douceur du climat basque, j’ai eu la chance d’admirer ce cornouiller pour la première fois. J’ai tout de suite été séduit par l’élégance et la finesse de son feuillage, par son allure si particulière. J’ai compris que j’étais en face d’une espèce à part.
Son aire de répartition est relativement grande ; elle s’étend du Tibet jusqu’au Guangdong (Chine) en passant par le nord de l’Inde, le Sichuan (Chine) et le Yunnan (Chine). On l’y trouve entre 700 et 3500 m d’altitude. Sa première introduction en culture est l’œuvre de Kingdon-Ward (Botaniste et explorateur anglais) en 1950. Les graines ont été récoltées dans le Nord-est de l’Inde (Assam), probablement à basse altitude, car les spécimens issus de cette récolte se sont avérés être de faible rusticité et aucun n’aurait survécu aujourd’hui. Il faudra attendre que la Chine rouvre ses portes, dans les années 80, pour que d’autres botanistes explorateurs introduisent à nouveau cette espèce à partir de graines récoltées dans le Sichuan (Chine) vers 2400-2500 m d’altitude. Cette fois, les spécimens issus de ces récoltes ont pu passer les hivers sans problème et existent encore aujourd’hui.
Notons l’importance du lieu et de l’altitude de récolte d’une plante. Une même espèce peut parfois résister différemment au gel selon sa zone de récolte. Si l’on prend l’exemple du Sud de la Chine, mieux vaut privilégier des plantes récoltées au-delà de 2000-2500 m d’altitude pour avoir une chance d’obtenir des plantes résistantes à des gels significatifs (jusqu’à -8/-10 °C). Mieux vaut donc rester prudent et s’abstenir de généraliser suite à un échec de ce genre ; se renseigner sur la provenance est la première chose à faire avant de tirer des conclusions trop hâtives !
En termes de dimensions, Cornus chinensis se situe entre l’arbuste et le petit arbre, jusqu’à 8 m de haut dans son milieu naturel. Son port est plutôt évasé, il faut donc prévoir de la place pour qu’il s’exprime librement.
Ses feuilles sont caduques et mesurent entre 6 et 12 cm de long pour 3 à 6 cm de large. Elles se terminent en une pointe très étroite (acuminée) et ses nervures sont très saillantes, ce qui contribue grandement à leur beauté. On peut également observer quelques touffes de poils à l’aisselle des nervures, au revers. À noter que la forme et la taille des feuilles peuvent varier sensiblement selon la provenance géographique.
Sa floraison intervient en fin d’hiver/début de printemps, avant l’apparition des nouvelles feuilles, et ressemble à celles de C. mas et C. officinalis. Les fleurs sont jaune pâle, réunies en ombelle et se forment sur le bois de l’année précédente, voir de 2 à 3 ans. Je n’ai pas eu l’occasion de voir le fruit, mais d’après les descriptions il serait similaire à celui de C. officinalis : de forme oblongue, rouge, voir noir à maturité et probablement comestible.
Faute d’avoir eu la chance de cultiver cette espèce, difficile d’être précis concernant ses besoins en termes de sol et d’exposition. Les deux spécimens que j’ai vus sont plantés à mi-ombre dans un sol frais et acide. Ils semblaient heureux dans ces conditions de culture. L’un se trouve au Jardín Botánico de Iturraran (Espagne) où il subit de faibles gelées allant jusqu’à – 5°C ; l’autre se trouve à White House Farm dans le Kent (UK) et subit des gelées allant exceptionnellement jusqu’à -10°C. Il existe également un sujet à Tregrehan (Cornwall, UK) où les conditions climatiques sont particulièrement tempérées avec peu de gel.
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